Les biais cognitifs

Les dirigeants sont constamment confrontés à des décisions, souvent sous pression, et leurs choix sont fréquemment influencés par des biais cognitifs. Ces "raccourcis mentaux", souvent inconscients, peuvent mener à des jugements erronés et avoir des conséquences coûteuses pour une entreprise : recrutement inadapté, négociations manquées, ou encore baisse de performance.

 

Qu'est-ce qu'un biais cognitif ?
Un biais cognitif est une distorsion systématique dans la manière dont notre cerveau traite l'information. Plutôt que de décider en pleine conscience, notre esprit prend des raccourcis automatiques, influencés par nos souvenirs, nos émotions, nos valeurs et nos croyances. Ce mode de fonctionnement, actif 95% du temps, vise à nous rassurer et à donner du sens à nos actions, quitte à déformer la réalité. Les notions de biais cognitifs ont été introduites pour la première fois en 1969 par Daniel Kahneman et Amos Tversky, psychologues cognitifs et pères de l'économie comportementale, dans le cadre de leurs recherches sur les erreurs de jugement systématiques dans les décisions humaines, notamment économiques.


Exemples de biais cognitifs et leurs impacts
Voici quelques biais courants et leurs conséquences concrètes pour une TPE-PME :
• Biais de confirmation : Tendance à rechercher des informations qui confirment nos croyances et à ignorer celles qui les contredisent. Cela peut empêcher l'exploration de nouvelles opportunités commerciales.
• Effet de halo : Une première impression influence le jugement global. Souvent observé lors des recrutements, il peut conduire à des erreurs d'embauche.
• Biais d'ancrage : Une information initiale (un prix, un avis) influence démesurément l'évaluation finale. Un levier souvent utilisé en marketing, mais potentiellement pénalisant en négociation.
• Biais du statu quo : La peur de l'échec ou du changement pousse à privilégier des solutions connues, même inefficaces. Cela peut freiner l'innovation ou la modification de méthodes de management obsolètes.
• Syndrome de l'imposteur : Doute persistant sur ses propres capacités ou sa légitimité. Très fréquent lors d'un changement de poste, il peut impacter la confiance en soi lors de décisions stratégiques.
• Biais de cadrage : La perception est influencée par la manière dont l'information est présentée. Cela peut altérer l'évaluation d'un projet ou d'une situation.


Détecter et dépasser les biais cognitifs
Pour un dirigeant, prendre conscience de ces biais est la première étape pour les neutraliser. Voici une approche en trois étapes :
• Observez-vous en train de penser : Avant une décision majeure, demandez-vous si vous cherchez à valider une intuition ou à analyser objectivement des arguments. Ce recul peut révéler des biais de confirmation ou d'ancrage.
• Impliquez un contradicteur de confiance : Entourez-vous de personnes capables de vous contredire. Demandez-leur explicitement un avis opposé pour identifier vos angles morts.
• Documentez vos décisions : Notez le contexte, les options, les arguments pour et contre, et le choix final. Revenir sur ces notes après quelques heures favorise une analyse a posteriori et permet d'ajuster votre raisonnement.
Une fois identifiés, trois leviers permettent de les dépasser :
• Mettre en place des check-lists décisionnelles : Pour chaque décision majeure (recrutement, lancement de produit), créez une grille d'analyse rationnelle. Cela minimise l'influence des émotions.
• Sensibiliser vos équipes à la pensée critique : Cultiver l'ouverture au questionnement au sein de vos équipes favorise la performance collective et aide à identifier les biais.
• Adopter une logique d'expérimentation : Plutôt que de chercher la "bonne" décision, testez des approches, observez les résultats et ajustez. Cette démarche atténue les biais liés au statu quo ou à la peur de l'échec.
En bref, maîtriser les biais cognitifs permet aux dirigeants de TPE-PME de prendre des décisions plus justes, d'améliorer leur efficacité et la qualité de leurs relations, tant internes qu'externes. C'est un atout stratégique pour un meilleur pilotage d'entreprise.

 

Anaick Rainjonneau

Consultante  processus relationnel dans les organisations : entreprises, associations, familles...
Coach professionnel & personnel